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Tenir sa promesse : privilégier la mobilité durable

Plurirédactionnel
Dernière modification le 19.10.2020

De nombreux citoyens se sont promis de changer de mode de vie à l’heure du confinement. Alors que la crise climatique demeure, la mobilité figure parmi les évolutions envisagées. Une mobilité en passe d’être multimodale pour des spécialistes qui se disent convaincus du rôle central dévolu à l’avenir aux transports publics.
 

Tout comme manger local ou arrêter de prendre l’avion, changer sa mobilité figure parmi les résolutions prises par les Suisses en période de confinement. Au moment de concrétiser cette intention, pourquoi est-il important de considérer les transports publics ? Qui se profilent comme les usagers de demain ? Et quels sont les avantages attendus ? Analyse de deux spécialistes de la mobilité.

« Tous les profils sont concernés », affirme avec conviction Emmanuel Ravalet. « Des usagers de la voiture individuelle ou partagée, des cyclistes, des piétons, des férus de la trottinette, etc. Plusieurs études récentes le montrent : les pratiques monomodales se raréfient », ajoute le chef de projet du bureau d'études Mobil'homme à Lausanne.

Diminution de l’empreinte carbone

Pour cette clientèle en devenir, le choix d’une mobilité durable s’impose d’un point de vue environnemental. Opter pour le tramway contribue à diminuer la pollution atmosphérique et les nuisances sonores. A l’échelle nationale, la part des transports publics dans les émissions de CO2 s’élève à moins de 4%, contre plus de 77% pour le trafic individuel motorisé, selon l’Office fédéral de l’environnement (voir graphique ci-contre). L’électrification planifiée des réseaux de grandes villes de Suisse doit permettre de diminuer cette empreinte carbone. L’objectif de la branche est d’éliminer totalement les émissions de CO2 et d’accroître de 30% leur efficacité énergétique d’ici 2050.

L’argument financier nourrit également les réflexions. « A Genève, l’économie est substantielle. Elle est estimée à près de 10'000 francs sur une année pour celui ou pour celle qui privilégie les transports publics au détriment de la voiture », affirme Marc Defalque, directeur du marketing, des ventes et de la communication aux tpg en référence à une étude du TCS. Une somme qui croît pour les personnes qui bénéficient de plus des politiques incitatives menées par certaines entreprises et communes dans le cadre de leur plan de mobilité.

Emmanuel Ravalet relève, pour sa part, l’importance de la qualité de l’offre. « Les comparateurs de temps et de confort sont de plus en plus nombreux. » De ce point de vue, il estime pour que les transports publics jouent bien leur rôle, qu’il est nécessaire de proposer une offre performante (rapidité, fréquence, tarification), confortable et écologique. Le confort représente le vrai challenge pour les opérateurs. « Devoir changer de bus, être à plusieurs dans un véhicule, nous cherchons à répondre à ces contraintes en améliorant nos horaires, nos outils digitaux ou en repensant nos véhicules », glisse Marc Defalque.

Risques minimisés

A l’heure du coronavirus, les experts se veulent rassurants. Prendre les transports en commun n’est pas plus dangereux que de faire des activités en commun, explique Emmanuel Ravalet. « A partir du moment où l’on fait le choix de se déplacer, on fait le choix de prendre un risque. Au-delà, il est important de donner des garanties pour minimiser ce risque. » Ce que confirme le représentant des tpg pour qui les transports publics sont un endroit très protégé où le port du masque est obligatoire, contrairement aux lieux de travail, par exemple.

Prendre les transports publics, c’est la possibilité de lire ses courriels en début de journée, de consulter les réseaux sociaux en rentrant le soir ou d’écouter de la musique pour se relaxer, rappelle encore Marc Defalque à propos du confort. « Le stress de la conduite et le souci de trouver une place de parc disparaissent. Cela devient une nouvelle forme de liberté », ajoute-t-il.

La concurrence se précise cependant. Le renforcement des pistes cyclables, l’essor des vélos et des trottinettes électriques remettent-ils en cause les transports publics ? « C’est une bonne chose, tranche Emmanuel Ravalet, parce que les transports publics ne peuvent pas à eux seuls constituer une alternative crédible et totale à la voiture particulière. On n’aménage pas les transports publics uniquement pour qu’il y ait le plus d’usagers possibles dedans, mais plutôt dans la perspective de l’intérêt général, avec des ambitions en matière environnementale et sur le plan de l’aménagement des territoires. »

Articulation avec tous les modes

Economie d’argent, action contre la pollution et les nuisances, réduction du stress, pratique physique, que manque-t-il aux transports publics ? « S’il y a un aspect sur lequel les transports publics doivent s’améliorer, c’est celui de l’articulation avec tous les modes, en les considérant non pas, ou non plus, comme des modes concurrents mais complémentaires », répond le chercheur de Mobil'homme. « Améliorer la combinaison entre les transports publics et le vélo sera essentiel dans le futur, confirme Marc Defalque. Nous œuvrons pour une région plus facile à vivre. »

Choisir son abonnement représente la dernière étape. Un point crucial pour Emmanuel Ravalet : « l’abonnement, c’est de la fidélisation pour l’opérateur et de la flexibilisation du déplacement pour l’usager. Mais la nature de l’abonnement peut varier et c’est dans cette diversité que l’on arrivera à répondre au mieux aux besoins de chacun ». La crise sanitaire a accéléré les changements, à l’exemple du télétravail. Les opérateurs suisses pourraient saisir cette opportunité pour répondre à une nouvelle demande. Alors, plus rien ne s’opposerait à s’abonner aux transports publics. « L’abonnement est toujours plus utilisé, par exemple dans la musique. Nous avons en tant qu’opérateur une grande expérience de sa gestion. A terme, notre rôle sera d’optimiser la manière dont les nouveaux modes de transports fonctionneront ensemble », prédit Marc Defalque. A suivre.

Un choix pragmatique pour l’économie privée

La promotion de la mobilité durable est devenue une nécessité pour l’économie privée. Cette conclusion est partagée par nombre de décideurs. Elle témoigne de leur prise de conscience. Il ne s’agit plus de faire preuve de bienveillance vis-à-vis de ses collaborateurs, mais de considérer les avantages tirés de la mise en œuvre d’un plan de mobilité. Ainsi, les chefs d’entreprise s’engagent toujours plus en faveur d’une mobilité écoresponsable par conviction et par pragmatisme.

A l’analyse, les bénéfices sont multiples. En favorisant le recours à différents moyens de locomotion tels que les transports publics, la marche, le vélo ou le co-voiturage, les entreprises simplifient la gestion du stationnement et s’engagent dans une démarche responsable vis-à-vis de leurs employés. Si elles en bénéficient en termes d’image, elles agissent de manière concrète pour améliorer la santé et la qualité de vie de leurs collaborateurs. 

L’étude Sophia « Les Suisses et la mobilité » menée par l’institut de recherches économiques et sociales M.I.S. Trend en collaboration avec « Le Temps »  indiquait en mai 2018 que les « leaders » étaient en majorité en faveur des transports publics en Suisse. 59% d’entre eux estimaient que le développement des infrastructures devait privilégier plutôt les transports publics. L’arrivée du Léman Express, les projets de tramways à venir à Genève et à Lausanne sont en passe de répondre à une partie de ces attentes. F. Mu.

 L’origine des émissions de CO2

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Pour toute information complémentaire pour les médias uniquement : 

François Mutter, porte-parole des Transports publics genevois (tpg)
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